Voici
Baltic Club
B: Oui ! Quand les gens voient nos trucs, ils réagissent en s’exclamant « Oh mon dieu ! », un peu comme toi il y a quelques instants. Notre humour est très second degré, comme la carte « Be Optimistic ». On y voit une main, mais elle est coupée au poignet. C’est mignon et lugubre à la fois. On est à la recherche d’une tension. Quand on a trouvé le bon équilibre, on se met au travail.
B: Avoir notre chien, Lola, près de nous. Courir. La crème glacée. Faire les choses à mon propre rythme.
M: Le papier. Les plantes.
B: Être ensemble. On est ensemble presque tout le temps. Ça fait partie de nos forces, vivre et travailler ensemble. On est tout à fait différent l’un de l’autre, mais on se complémente. On ne se chicane pas, on discute. On est pas mal fiers de ça.
M: Je dessine, je fais le design, je choisis les couleurs, le papier…
B: (En riant)… tout ce qui est vraiment amusant !
M: Et je fais des trucs. (En regardant Brice) Toi aussi, tu fais des trucs ! Brice s’occupe de l’administration…
B: Quel ennui !
M: Sur notre site, son titre est « magicien ».
B: Vraiment ?! Je devrais changer ça.
M: Certainement pas.
B: Okay, on le garde comme ça.
B: On ne le fait pas. On parle de papier même au lit.
M: On a de la difficulté à faire les mêmes activités que les gens normaux. Comme avoir des amis…
B: Aller au cinéma est probablement la chose la plus normale que l’on fasse. On espère devenir de meilleures personnes bientôt.
M: Mais non.
B: Une machine à papier peut être un objet très excitant pour moi. Hier, j’ai rencontré un fournisseur. J’étais comme un enfant de 5 ans devant un arbre de Noël. Ma préférée, c’est une presse typographique qu’on ne possède malheureusement pas. C’est un outil magnifique avec un look un peu steampunk que j’aime bien. De la grosse machinerie lourde qui fait des choses très délicates. J’adore ça. La machine est gigantesque, toute en métal et elle produit de fines bandes recouvertes d’une mince couche d’encre métallique. C’est fou ! C’est fantastique. (Se tourne vers Mélanie) Quelle est ta machine préférée ?
M: Le massicot.
B: Ah oui, s’en servir est tellement satisfaisant.
M: En appuyant sur un bouton, tu réussis à couper du papier cartonné comme si c’était du beurre.
B: Et tu peux filmer ça et le regarder en boucle. C’est fou !
M: Au lieu de suivre Paris Hilton sur Instagram, on s’abonne à des comptes de machinerie.
B: On nomme nos outils.
B: Notre duplicopieur s’appelle Rose. Billy, c’est notre imprimante Canon. Charlène, c’est notre machine d’estampage à chaud. Un nom chaud pour une machine chaude. Voici Jocelyne, notre première employée. On l’a achetée chez IKEA. C’est un nom de secrétaire typique. Sa sœur, un porte-document elle aussi, s’appelle Josée.
B: La magie se crée quand Mélanie dessine. C’est beau à voir, même si ça demeure du dessin. La vraie magie c’est quand les choses commencent à prendre vie. C’est de développer une idée, de faire réagir les gens. C’est de pouvoir en vivre. Et je vis pour ça. Au début, Mélanie dessinait seulement pour elle-même. C’était difficile. Mais ensuite, le Baltic Club est né. Ça fait deux ans de ça, maintenant. On a eu la chance de trouver un espace dans le Mile-End et on a tout de suite dit oui car c’est un endroit fantastique.
B: C’est très particulier. Juste avant Noël, une femme a perdu son enfant. Ses amis ont acheté et nommé une étoile à son nom. Elle nous a demandé d’illustrer la constellation dans laquelle se trouve l’étoile. Elle a accroché l’illustration encadrée dans sa chambre et elle a fait imprimer des cartes pour remercier les gens de leur soutien.
M: On nous a aussi demandé de produire une carte du Canada pour décorer le bureau montréalais de la ministre du Patrimoine canadien.
B: J’aime la rue Bernard pour la crèmerie. C’est là qu’on a décidé d’ouvrir la boutique, en mangeant de la crème glacée. Il y avait un commerce à louer devant le banc où l’on était assis. C’était un jour d’été. On mangeait silencieusement. On s’est arrêtés, on a regardé l’espace et on a eu la même idée en même temps. C’était un très beau moment.
B: Vanille, évidemment.
M: Quelque chose de chocolaté, c’est certain.
B: Nous sommes le Yin et le Yang de la crème glacée, Mélanie et moi.
M: Au Japon !
B: Dans les alentours du Mile-End, dans les ruelles. Quand on voit des chats, notre imagination s’active. Ils ont tous un nom et ils ont des occupations créatives.
M: On baptise tous les chats et on parle d’eux, même quand ils ne sont pas là… As-tu vu Caramel aujourd’hui ?
B: Il n’a pas l’air d’aller bien. Je crois qu’il s’est encore battu… L’inspiration se trouve dans nos têtes, avec tous les petits détails futiles du quotidien. Je médite quand je cours, ça m’aide à évacuer tout ce qui est négatif. Beaucoup d’idées me viennent quand je cours.
B: Café Olimpico. Un latté, surtout quand il fait froid. C’est une belle excuse pour aller marcher.
M: Je dirais Boucle et Papier. C’est tellement agréable, là-bas.
B: Oui ! Mais c’est dangereux.
M: Commence aujourd’hui.
B: Ça, c’est bon. Je dirais la persévérance. Ne pas se laisser abattre, c’est la clé.
B: Rien n’est facile. Il faut souvent travailler seul. Parfois, il y a des victoires. L’optimisme est l’une de nos forces communes à Mélanie et moi. Il faut savoir accepter que dans la même demi-heure, tu peux recevoir la meilleure et la pire nouvelle de ta vie.
M: Au bonheur !
B: On vient d’ouvrir un bar à papier sur St-Laurent en mai. Les gens peuvent y faire leur propre papeterie.
M: On organise des évènements dans notre studio. Les gens peuvent se faire des cahiers de notes et ont le choix entre une couverture illustrée ou une couverture vierge. Ils peuvent aussi choisir le type de papier à l’intérieur. On a quatre choix pour l’instant : ligné, pointillé, quadrillé ou page blanche. On peut aussi imprimer la couverture avec de la feuille d’or.
B: On écoute The Office et l’histoire se passe dans une compagnie de vente de papier. Il y a une citation : « On peut tout accomplir avec du papier. »
B: Quelle bonne idée !
Adaptation par Marie-Laurence Grenier-Trempe
Révision par Laurence Perras
Photographie par Wedge
Illustration par Mathieu Dionne